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Donc je partirai de bon matin. Amoureux des prairies, je caresserai l’herbe, les fleurs. Mes paumes seront heureuses. Je les joindrai en coupe, et ma bouche, pour se mettre en goût, permettra de s’échapper à une langue qui sans doute alors connaîtra la surprise d’un coin de ma peau — mes mains trop visibles — demeuré mystérieux quoique ou parce que sans protection de vêtements, de linge.

Je marcherai.

De la fraîcheur dans mes cheveux et tant de joie qu’à l’étage au-dessous on oubliera de penser.

J’ouvrirai ma chemise jusqu’à la ceinture. Autour de mon torse la brise essaiera un drôle de jeu. Chaque caresse s’imprimera en cercles de douceur. Des joies parallèles s’additionneront pour me donner la méprisante vivacité du zèbre et, mon épiderme devenu robe de bonheur, ma poitrine s’élargira et se tendront mille petits muscles élastiques et jamais soupçonnés.