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VIII

LES PAYS ET LES RÊVES

Déchirer la photographie de la créature la plus chère, effeuiller une rose, le dernier présent de ceux qui parfois réussirent à me faire aimer certaines minutes, et penser à la mort dans la plus anonyme des chambres d’hôtel, n’est-ce point là trop d’orgueil ?

J’ai rêvé d’un absolu par le vide et voici que peut-être il me va falloir coucher avec des fantômes.

Ô les braves égoïstes, qui usent du pluriel de politesse pour déclarer, comme s’ils étaient des papes : « Nous nous suffisons à nous-mêmes. » Si je sais que les autres ne me peuvent suffire — parce que peut-être je ne leur suffirais