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cédons moins au regret qu’à l’exaltation déchirante, mais exaltation tout de même, de penser qu’une revanche nous fut donnée, et que si elle ne se poursuit point, c’est que la condition humaine seule empêche qu’elle s’accomplisse en durée, mais non la faiblesse de celui à qui nous le dûmes.

Et puis, la magnificence d’un corps débarrassé de la vie et que nos mains colorées, chaudes mais faibles, n’osent toucher est déjà, semble-t-il, d’un monde où commence le vrai et son règne insensible, puisque le sensible auquel nous devons de nous renouveler, c’est-à-dire de nous nier et nous renier sans cesse, ne saurait tolérer rien de définitif.

Nos amours, nos haines, nos essais les plus passionnés ?

Des reflets sur l’eau et nous avons appris, pour notre malheur, notre honte, que l’eau est sans couleur, sans saveur, sans odeur.

Condamnés à ne pas savoir si nous serons