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leurs étais de mensonge et alors, même si nous pleurons la catastrophe et croyons que le malheur va reculer encore certaines bornes, à contempler la débâcle où se trouve englouti ce à quoi nous devions le plus grand, parce que le plus sûr, bonheur, nous ne tardons guère à penser que mieux vaut tout de même qu’il en soit ainsi, car celui en qui nous avons mis notre complaisance dès la mort se divinise, tandis qu’il s’amoindrit et mérite même la haine si le feu illusoire d’amour ou d’amitié s’éteint, sous la seule action de la force dite des choses et qui ne manque jamais de triompher de la force des êtres.

Incapables de vivre sans l’arrière-goût du doute, lorsque nous est ravie la créature qui pour nous fut le plus près d’incarner la perfection, nous sommes heureux qu’elle n’ait eu ni le temps ni l’occasion de sortir du cercle idéal où l’exigence de notre amour prétendait circonscrire son humanité diffuse ; c’est pourquoi devant son cercueil nous