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des ersatz. Et déjà s’édifie un système qui explique notre perpétuelle solitude : si nous demeurons sans compagnons parmi ceux qu’on nous a dits être nos semblables, c’est que nous ne trouvons aucune créature spontanée. Personne qui sache nous valoir des états premiers et en étoffer notre existence pour une féerie magnifique et brutale à la fois.

Ainsi je suis seul dans un promenoir.

Du cuir frotte sur du bois, crisse dans la poussière. Deux hommes mélangent pour la joie des yeux du brun et du blanc. Ils prennent vie. Des raies roses embellissent dans tous les sens le dos trop clair. Ces éraflures me vengent du talc, des poudres. J’applaudis. Les ecchymoses vont bien au petit boxeur des faubourgs, mais pourquoi sourit-il ? J’ai envie de me fâcher. Il minaude. Est-ce donc la peine de donner et recevoir des coups ? Il mérite d’être puni. Je souhaite que le nègre lui casse toutes les dents. Puis je ferme les yeux.