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tronc vertical, dont, les racines doublaient, protégeaient, caressaient, enchantaient les veines extasiées du mâle, les artères délirantes de la femelle.

Or, justement, parce que rien, en comparaison de cette minute, ne vaut, ne peut valoir, tout de suite, s’était terni l’or des âges d’or.

La volupté jette des créatures hors du quotidien.

Qu’elles se trouvent remises au beau (ou plutôt vilain) milieu de leur monde, ce sera pour ne plus saisir que les défauts de ce qu’elles avaient, dans l’extase de la vie toute neuve, appelé leur paradis terrestre.

Une compensation est inventée : Dieu qui arrive avec tout un attirail d’interdits.

On veut qu’il soit lumière, parce que la nuit a succédé au jour.

Mais, l’éblouissant, dont, l’homme veut doubler ses ténèbres, cette clarté absolue qu’il invente derrière les heures obscures, cet invisible, par quoi, il entend purifier, remplacer l’univers, dès que le crépuscule se met à en effacer le dessin, les couleurs, toutes ces chimères compensatoires, ces bêtes à bon Dieu qui ne sont pas, hélas, des coccinelles, se vengeront sur les jours et sur les nuits, qu’elles déchireront de leurs griffes, étoufferont de leurs monstrueux membres gothiques, meurtrières