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De la minute où Ponce Pilate s’en était lavé les mains, le symbolisme sexuel avait été précisant. Jésus tombait, se relevait, c’est-à-dire avait joui, se retrouvait prêt à jouir, avait rejoui sous le fouet des athlètes aux costumes suggestifs.

Or, de même que la jeune épouse crie « maman » dans son effroi de la volupté, lui ne cessait d’appeler son père.

Au jardin des Oliviers, sa solitude en rut avait eu soif de boire le calice jusqu’à la lie, entendez, sucer jusqu’à l’ultime goutte de leur sperme, tous ces membres virils que, dans la claire lumière de son dernier dimanche, il avait imaginés tendres rameaux, mais que l’orage du Golgotha devait métamorphoser en rugueuses, inexorables verges.

Pour le fils de Marie, de cette pauvre fille qui s’était crue vierge, toujours vierge, enceinte du Saint-Esprit parce que son imbécile de mari n’avait su la faire jouir, pour celui dont la vie prénatale, elle-même, s’était trouvée castrée, quelle revanche, lorsque le sexe de l’homme, de son semblable, de son père, d’instrument de fustigation, devint instrument de supplice plus précis, devint la croix, cette croix dont l’érection, au sommet d’une colline, déjà, faisait prévoir la nostalgie phallique, qui, de ses clochers, allait durant des millénaires,