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n’était, d’ailleurs, comme chacun sait, qu’une vulgaire assiette au beurre.

Le surréalisme s’est attaqué, s’attaquera aux problèmes qui ne sont éternels que par la peur qu’ils n’ont cessé d’inspirer à l’homme. Ses propres faits et gestes et œuvres ne l’ont pas arrêté en chemin, ou plutôt, ceux d’entre les surréalistes que l’ambition, la sottise, le narcissisme ramenèrent aux bords des marais complaisants, de ce fait, redevinrent des littérateurs, à l’image de tous les littérateurs, c’est-à-dire occupés à chercher, dans les premières flaques venues, les reflets morts de leurs piètres personnes, au lieu d’accepter de laisser jouer, à la surface et au fond d’eux-mêmes le monde, ses lumières, sa vie.

C’est d’ailleurs par une attaque contre tout ce que la théorie de l’art pour l’art avait déifié, à propos de choses écrites et peintes, que Dada, précurseur du surréalisme, avait commencé le travail de théoclastie.

Extraire des abîmes ce que l’homme avait sacré trésors, justement, parce que la masse d’ignorance, d’oubli, de refus qu’il avait mis entre sa conscience et ses soi-disant trésors, lui permettait, seule, de les considérer comme tels ; amener au monde des phénomènes par les moyens qui lui étaient propres (sommeil, transcription de rêves, écriture automatique,