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AMOUR DIVIN ET AMOUR-PROPRE

Des expressions de cette farine devenues monnaie courante, on s’imagine à la suite de quelles piètres pratiques l’amour a bien pu, dans l’idée que s’en font les hommes, se recroqueviller au point de prendre en béquille, de tels qualificatifs.

La rage possessive s’obstinait à voir, jusque dans la créature préférée une simple chose à prendre. Et certes, pour que les affirmations : Tu es ma chose, je te possède et les acquiescements : Je suis ta chose, prends-moi, fussent devenus des cris réflexes de la jouissance, il fallait bien que l’inégalité eût été, une fois pour toutes, admise entre et par les éléments du couple. D’où notion d’un amour esclavage, lequel, avec ce qu’il sous-entend de remords de la part du maître-abuseur, de ressentiment de la part de l’esclave-abusée, devient vite amour-enfer. Alors, à nous les formules incandescentes :

Brûlé de plus de feux que je n’en allumais.