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parlé de poésie, une phrase est à citer, celle de Lautréamont qui avait bien quelque titre à s’exprimer sur la matière : « La poésie doit être faite par tous, non par un ». Commentant cette proposition, Paul Éluard d’écrire : « La poésie purifiera les hommes, tous les hommes, toutes les tours d’ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées, et, ayant enfin bouleversé la réalité, l’homme n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que s’ouvrent les portes du merveilleux ».

Les tours d’ivoire, mais celles qui restent c’est du toc à renverser d’une chiquenaude, des tours façon ivoire, du carton-pâte en vérité, des cercueils pour squelettes de moustiques, des boîtes où ranger tout ce que le courant lamartinien nous a valu de lyres et de lyristes, lyromanes mysticards, officiels, démagogues, avec leurs très comiques auréoles de pâmoisons, paradis, catholiques, artificiels et libéraux, attitudes, prétentions à l’incompris, à la fatalité photogénique et archi-individualiste.

Cravates de commandeur, robes universitaires, uniformes académiques, tous ces oripeaux dont la troisième République n’a même pas le mérite de les avoir inventés, bien que, depuis belle lurette, les mites s’y soient mises, au conformisme de la majorité des intellectuels,