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que Breton dut écrire Misère de la poésie, en réponse à toutes les niaiseries et saletés qui avaient trouvé une occasion inespérée de donner libre cours à leurs flots, lors de l’affaire Aragon (publication du poème Front rouge dans la revue Littérature de la Révolution mondiale. Inculpation d’Aragon. Protestation et appel en sa faveur des surréalistes).

On sait qu’Aragon lui-même, en vint à dénoncer comme contre-révolutionnaire le contenu de la brochure, avec laquelle, il avait commencé par se déclarer objectivement d’accord, si tactiquement contre.

La plus calomnieuse, mais, sans doute, la plus tactique des injures, la désassimilation soudaine de ce qui avait pu sembler, sinon le plus haut souci, du moins la spécialité, quinze années durant, d’un être, à ne les considérer, que du point de vue de la dialectique, dont, justement, elles se réclament au premier chef, révèlent l’étroitesse spécifique dénoncée par Engels, l’étroitesse d’un de ces petits crânes analytiques, où il n’y aura jamais place pour l’ample travail de la synthèse.

N’est-ce point, d’ailleurs, la même maladie de l’intelligence, le même dualisme non surmonté[1]

  1. À ce dualisme non surmonté, à cet actualisme borné, à ce plat esprit de circonstance, nous opposons la dialectique spontanée, l’authentique poésie, l’humour objectif d’un Péret, qui, dans la mort du lieutenant Condamine de la Tour , au Maroc, dans celle de la propriétaire des magasins de la Samaritaine : Elle est crevée la mère Cognac, trouve une inspiration à faire honte à ce monde, à ce temps une inspiration toujours digne du titre de son prochain recueil : Je ne mange pas de ce pain-là. Seule, une telle inspiration nous rapproche de cet équateur (enfin à ne plus confondre avec le tiède, écœurant juste milieu) dont un point brûlant ne peut manquer de s’offrir, quelque jour, à la rencontre des lignes nées aux antipodes, aux pôles de l’homme.