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revanche de l’animal, c’est-à-dire de tout ce dont ma jeunesse, à tort ou à raison, s’estimait avoir été frustrée.

De maître à chien, les choses ne vont jamais sans quelque érotisme.

Lui, bien entendu, aimait à se frotter contre ma jambe, ne demandait qu’à me prouver la virtuosité de sa longue langue rose.

Pour moi, lorsque je l’avais, de l’anglais, fait passer au marseillais, je n’ignorais pas comment pouvait s’interpréter la chanson de la fusée volante. Quant au sobriquet de Bébé volant, n’évoque-t-il point le phallus napolitain, ailé, tel un chapeau de Mercure.

Or, quelques jours après avoir pris connaissance de mon horoscope, qui, justement, me déclarait peu favorables les animaux domestiques, Marius-Bébé volant se perdit et demeura introuvable. Les amis qui me l’avaient donné, m’envoyèrent, alors une chienne caniche.

La laine qui flottait autour de son corps, de ses pattes, métamorphosait, par contraste, son museau en bec de cigogne et ses pieds en incroyables petites mules Louis XV.

Son regard ne se limitait point, comme celui de Marius, à un éclat de pierre précieuse. Il était de phosphore liquide, double lac d’or en fusion, double puits de lave et de danger, à