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d’une catastrophe son ouvrage, laquelle eût laissé à son détritus de personne, juste, un empire de poussière.

Singulier mirage négatif, les yeux de ce manchot qui, pour petits qu’ils fussent, n’en étaient pas moins perçants, ses yeux en trous de pine d’aigle qui fouillaient leur désert n’avaient pas vu que le peuplait un voisinage confraternel d’infirmes, tous, du reste, logés à la même enseigne pour ce qui est de l’agilité, de la perspicacité.

Ainsi, de son paysage de cendre, chaque gnome démembré se croyait souverain d’autant plus absolu que sans sujet.

Le soir venu, il remerciait Dieu d’avoir métamorphosé son devenir en rester là.

Dieu c’était, c’est, ce ne sera jamais que l’Immobile.

Dieu c’est l’Immobile, parce qu’il occupe tout le temps, tout l’espace et n’a donc à se mouvoir ni dans le temps, ni dans l’espace.

Il est celui qui ne bande pas, qui décide les plus fiers bandeurs à ne plus bander.

Pour l’extase de se sentir à l’image de l’Immobile qui donc ne renoncerait à pieds et pattes, à ce qui se trémousse à l’entre-pattes.

Savoir à quoi s’en tenir, comment, où se tenir, une fois pour toutes, c’est la foi.

La foi, c’est la fois pour toutes.