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synonyme, imposé par le décalogue, entre le délire extasié de papilles et la notion de faute.

À ce sujet, il importe de citer Feuerbach : « Lorsque la jouissance en général est un péché, l’homme est si anti-naturel, si mesquin, si esclave, si craintif, si mauvais pour lui-même, qu’il ne se permet aucune joie, aucun bon morceau, comme Pascal qui, selon sa sœur, se donnait toutes les peines du monde pour trouver insipides les mets fins et délicats qu’on lui donnait pendant sa maladie. »

Elle était pascalienne en diable, cette bourgeoisie dont j’étais issu, et qui, d’hypocrisie en hypocrisie, avait fini par se prendre au jeu de son masochisme sordide.

Au contraire de Lorenzaccio qui avait simulé la débauche, jusqu’à n’être plus que débauche, elle avait grimacé le renoncement par calcul, mais calcul et grimaces avaient eu raison d’elle. Les privilégiés avaient crié misère pour que la colère du plus grand nombre spolié à leur profit ne s’attaquât point à leurs fiefs. Et voilà que, soudain, ils déploraient, avaient raison de déplorer le vide qui était en eux. Il avait été catastrophique le piston de leurs pompes aspirantes et foulantes. Aspirations et refoulements. Les romanciers dévoués à la cause des riches