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science chrétienne des tortures avaient eu beau faire front unique contre la haute, la plus haute voix de terre, avaient eu beau vouloir, à coups d’affreuses poupées et marionnettes algébriques, saccager toutes les pousses de l’instinct, le triomphe n’en restait pas moins à ce diable, hideux, certes, mais dont la hideur se riait du couvercle qui prétendait l’écraser.

Après lui, vint Oreste.

En fait de familles, nulle ne pouvait m’intéresser autant que celle des Atrides.

Aux psychanalystes professionnels, j’offre ce lapsus, qui, l’automne dernier, plusieurs fois, me valut d’écrire, de dire Oreste au lieu d’Œdipe. Ne fallait-il point en conclure que j’étais de ceux qui eussent préféré tuer leur Clytemnestre de mère, plutôt que leur Laïus de père. Sans doute, pourrait-on objecter que l’un aussi bien que l’autre crime, en dernière analyse, peuvent être dits passionnels, avec objet unique de passion : la mère, qui dans le premier cas est victime, dans le second, bénéficiaire du meurtre.

Pour moi, je vois, dans le complexe d’Oreste, une substitution de la sœur à la mère.

Revenu au pays natal, Oreste n’a-t-il point posé son pied dans une empreinte, juste à sa mesure ? Grâce à cette coïncidence, il a retrouvé