De la rencontre de ce qui aura été vécu et de ce qui aura été imaginé, doivent jaillir ces flammes dont le galop fleurira d’incandescence les icebergs à la dérive sur tous les arctiques et antarctiques du refoulement. Voici déjà l’équateur qui renonce à couper la poire en deux. Par un pont de lianes frénétiques, il relie les deux pôles, le nord diurne, le sud nocturne. Les songes ressuscitent en geysers d’entre les pavés où l’aube les avait précipités. Des fleuves de clarté escaladent les hautes terrasses du sommeil et remontent à leurs sources. Et pas un lambeau de brouillard dans ces vallées larges ouvertes aux randonnées d’une mémoire qui, sans désespoir de retour, a quitté la cage où elle se trouvait enfermée, non comme un lion, mais comme une caissière. À d’autres, le doit et l’avoir, les profits et pertes, les petits ruisseaux qui font les grandes rivières, les raclures de scrupules, les couennes du ménagement, les moisissures de l’hypocrisie, les faux cheveux de bonnes manières et tout ce dont use la vie courante pour se rendre à elle-même la monnaie de sa pièce. Le coton des plus lointaines velléités se condense, se métamorphose en cette boule de cristal lancée à toute allure sur un plan incliné entre des haies de chair vive. Chacune de ces flaques, naguère d’incertitude, est maintenant le miroir en tempête dont les vagues abritent des buissons ardents de formes intermédiaires. À l’ombre géante des plantes carnivores, des échos fracassants prolongent le silence. Les voies du souvenir et du devenir se rejoignent en carrefour étoilé. L’exhibitionnisme servira de cornue, de microscope, d’éprouvette dans un laboratoire en forme de clairière. De sa cathèdre thomiste, le réaliste au sang froid ne cessera de glapir contre le surréaliste au sang chaud.
Mais, dites-moi donc, Messieurs du tribunal des compte-gouttes, quand il s’agit, non plus du jeu de la vérité, mais de l’étalage de grands et petits mensonges, quand s’organise, par exemple, l’une de ces expositions qui, soit en 1889 s’est