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DERNIERS DÉTOURS

En m’éveillant, je trouvai une carte pour le vernissage d’un salon qui devait réunir aux Tuileries sur la terrasse dite du bord de l’eau les peintres les plus célèbres. Autrefois j’aurais prié Léila de m’accompagner ; elle réussissait à ne jamais passer inaperçue et j’aurais eu plaisir à me trouver avec une de ces femmes pour qui, semble-t-il, ont lieu les expositions bien plutôt que pour les toiles ou sculptures. Tout de suite je pensai que je ne l’inviterais pas, non que je l’imaginasse en fugue amoureuse comme elle voulait prétendre, mais je me sentais trop près de la haïr. Si les raisons de son attitude me paraissaient confuses et m’engageaient par là même à lui porter quelque intérêt, le mépris qu’elle avait témoigné la veille à Cyrilla me semblait impardonnable ; pourtant, soit générosité, dédain ou lâcheté, j’avais oublié déjà tout ce dont elle avait eu à cœur de m’accabler.

Or la rancune que je portais à l’Hindoue me valut de penser que cette Cyrilla que je croyais appelée à devenir