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névroses inutiles. Le tout évolue aux injonctions d’une fausse conscience.

« J’accuse surtout la mémoire.

« Le mal vient de ce qu’on ignore (et ceci n’est point une boutade à la manière de M. Taine) qu’elle est en réalité une hallucination. Afin d’accorder foi à sa révélation, nous situons loin de nous ce qui en fait l’objet. La belle excuse pour ne se donner la peine d’aucun contrôle !

« I. Mémoire des rêves.

« Je m’éveille à six heures, le matin. À six heures, le soir, je me rappelle un songe dont toute la journée je n’avais pas eu le moindre soupçon ; trop facilement nous acceptons ainsi de nous souvenir de ce qui n’a peut-être pas été. C’est une telle confiance qui causera le cataclysme final (chaos, folie collective, délire des hommes de toute la terre). Pourtant la mémoire des rêves... »

Le professeur Dupont-Quentin avait laissé sa phrase inachevée.

Je dis à Cyrilla que cette petite dissertation me paraissait assez ennuyeuse et peu significative d’un génie philosophique.

Elle avoua :

« Ainsi, moi-même ai-je d’abord jugé. Malgré le respect que j’avais de son auteur, le raisonnement m’apparaissait confus. Or, une heure à peine après la lecture de cette note, ma mémoire sortait de je ne sais quelles archives une minute de ma première communion dont je ne pouvais au reste, tout en me la rappelant avec netteté, croire