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mêmes prénoms, les mêmes vêtements, les mêmes bijoux.

« M’en voudrez-vous de cette longue lettre ? « Jugez sans indulgence s’il vous plaît, mais quoi qu’on dise de ma conduite, souvenez-vous que je n’ai pas cessé dans toute cette aventure d’obéir à l’ultime volonté de mon père, prouvant par des résolutions inattendues que je subissais les lois de l’hérédité, victime, il est vrai, d’un genre assez peu commun.

C. Boldiroff. 

« P.S. — Bonjour à votre amie Léila si vous la voyez encore. Mon mari la connaît aussi de l’avoir très souvent rencontrée chez des amis. Je souhaite et Cyrille désire que nous nous trouvions bientôt en grande sympathie.

C. B. »


Quoiqu’il soit dans les traditions masculines de prêter aux femmes une grande aisance à s’adapter, je ne pus d’abord qu’assez mal concevoir Scolastique Dupont-Quentin en princesse Cyrilla Boldiroff.

Je me renseignai.

Si le professeur, après sa mort et du fait même de sa mort, avait acquis une belle réputation académique et universitaire, sa fille Scolastique demeurait elle-même fort célèbre en Sorbonne.

Longtemps on l’avait prise pour une jeune personne accomplie ; on avait même été jusqu’à prétendre que le doyen et sa femme lui destinaient un de leurs garçons.

Or, comme elle avait décidé par culte filial de réunir en volume les notes éparses que son père avait laissées,