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Mais accepter un bonheur c’est renoncer à beaucoup d’autres, à tous les autres.

Aujourd’hui, le bonheur dont je rêve s’appelle Cyrilla. Cyrilla, Cyrilla.

Le funiculaire monte péniblement. La pente n’est pourtant point rapide. Hauts sommets, air pur, fatigue, bonheur, symboles trop faciles. Serais-je si lâche ?

Cyrilla. Pourquoi Cyrilla ?

Dans le compartiment voisin une petite jeune mariée chantonne :

Partir c’est mourir un peu.’'

Mais arriver ?

Allons donc. Courage.

« Cyrilla.

— Daniel.

— Je vais fumer une cigarette sur la plate-forme.

— Oui, Daniel. »

Cyrilla, trop docile Cyrilla, entre les dents je vous dis : « Adieu, adieu, Cyrilla.

— Quoi, Daniel ?

— Rien, Cyrilla, mais rien, mon amie. »

Je suis seul. Sur la plate-forme. Le funiculaire ralentit, s’arrête, un autre qui descend le croise. Une marche, deux marches. Mes pieds sont sur la montagne encore verte. Les funiculaires repartent. Je regarde celui qui monte. Il s’éloigne. Mon cœur bat. Derrière une vitre, Cyrilla, une