Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée

destinée, ne se couche sans avoir regardé sous son lit, en chœur, on s’écrie : Quelle prudence. Quelle sagesse. Comme il a raison !

Parle-t-il du mauvais tour joué à un collègue grâce à quoi sera facilité son avancement, d’un accord parfait, il est conclu : « Petitdemange est plus subtil qu’Ulysse. » S’il vient déjeuner, à sa gloire, la grand-mère, dès onze heures, commence à édifier des pyramides de pêches, poires, pommes, raisins, et, ce faisant, regrette que l’automne n’ait pas de plus beaux fruits.

Les compotiers arrangés, comme elle a quelque peu oublié son Gotha mythologique, elle demande :

— Comment se nomme la déesse des moissons ?

— Cérès.

— Cérès, parfait.

Et d’aller à la porte de sa fille, pour lui dire que de sa propre main, elle-même a cueilli ce qu’il y avait de mieux aux espaliers : « Notre invité se croira chez Cérès. La déesse des moissons ce sera toi. Tu vas mettre ta robe d’organdi jaune et une combinaison rose par-dessous. Tu me diras que nous sommes au beau milieu de l’automne et que l’organdi… Ma chérie, dans l’existence, il est des jours où il faut savoir risquer. Nous avons un vrai soleil d’août. Que sa splendeur soit notre alliée. Le