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grand-père est retourné seul à ses savants travaux. Celle qu’il nommait si fièrement la plus dévouée de ses élèves, la plus intelligente de ses collaboratrices passe l’automne, avec sa mère, dans la propriété de Seine-et-Oise (ce théâtre du cambriolage, dit-on maintenant, non sans fierté). Chaque jour, Petitdemange, plutôt deux fois qu’une, visite ces dames. Il est leur coqueluche, leur idéal de l’éternel masculin. Elles en raffolent, et un peu plus, d’heure en heure. Elles vont même jusqu’à découvrir qu’il est le portrait tout craché de François Ier.

L’enfant, parce qu’elle ne partage point cet enthousiasme et pense qu’on surestime ce nouveau, cherche dans ses livres d’histoire et le Petit Larousse illustré des documents, images, descriptions qui lui permettent de se persuader du total défaut de ressemblance entre le vainqueur de Marignan et le voisin barbu asservi à la coalition contre Cynthia et le père, la buveuse de pétrole et son amoureux.

Mais le moyen de prouver à ces embéguinées que leur magistrat ne mérite point une si flatteuse comparaison ? Rien à faire ; Petitdemange avoue qu’il a peur des assassins, ne sort jamais sans son revolver, scrute le regard des chauffeurs de taxi avant de leur confier sa précieuse