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grand-tante Laura fut-elle demi-mondaine, par la faute d’un nom prédestiné dans un temps où l’on appelait « lorettes », les femmes qui se conduisaient mal. Pour l’époque, menant une vie que ni la misère ni l’exemple ne l’autorisaient de choisir, ma fille est une grue. Qu’adviendra-t-il de moi ? Cynthia, mon enfant, sois pardonnée, mais, quel désolant spectacle. Une vie commencée dans le scandale se continue par le crime. Ô ciel je meurs. Elle me mange. El-le me mange. El-l-l-l-le m-m-m-m-me, man-man-an-an-an-an-g-g-g-g-g-g-g-g-ge.

Les syllabes, les lettres se liquéfient. L’écho une dernière fois répète la sourde onomatopée dont clapote, avant sa male mort, une voix de revenante qui ne reviendra plus. Vagues de malédiction, écume d’effroi, tout s’abolit des profondeurs, à la surface du sommeil. Un océan à peine se ride encore, et, sur son silence ne demeure qu’une danse concentrique de cercles, de plus en plus large, de moins en moins nette, comme après une noyade, un naufrage.

Encore heureux que cette ultime visite ait affermi la grand-mère dans son impression première sur Petitdemange. Il ne faut plus hésiter. C’est bien à lui, à lui seul, pas à un autre, qu’on va faire appel. Si on lui téléphonait de suite ? Tout