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que voilà. Au moins on ne peut vous accuser de vous compromettre par une trop grande audace dans l’hypothèse, siffle la grand-mère. La cuisinière elle-même ferait ce diagnostic. Une buveuse de pétrole fiche le camp avec d’inestimables souvenirs de famille. Vous concluez : Les pétrolomanes sont voleurs. Bravo. J’admire votre esprit de déduction. Il fait merveille. Le seul malheur est que nous ne sachions de quel côté nous tourner. Trêve de balivernes et avouez tout bonnement que vous, un psychiâtre renommé, un démonteur d’âmes, vous ne voyez pas plus clair à toute cette aventure que le premier pandore venu. Plus de trente années durant, j’ai eu, en vous, une foi aveugle. Je vous croyais un grand psychologue. Eh bien, cette affaire aura eu au moins le triste avantage de me dessiller les yeux. Je mesure ma naïveté, ma sottise. Votre science, c’est un mot, ça ne sert à rien.

— Quoi, quoi, ma bonne. Se peut-il ?

— Il se peut et j’ai bien dit. Voyez plutôt. Vous avez bien mené votre barque et la nôtre. Récapitulons. Vous choisissez pour votre fille un garçon sans principe. Cynthia vient vivre avec nous. Vous la trouvez charmante, parfaite, jusqu’au jour où elle nous enlève notre gendre. Ce jour-là, fort de votre déterminisme, vous concluez à l’inévitable.