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et camées embellissent d’un éclat, en comparaison duquel sembleraient ternes, les miroirs exposés au plein soleil.

Et qui pourrait imaginer plus belle que l’impératrice ? Des hanches au décolleté, une simple dentelle laisse deviner les plus roses secrets.

Pour la crinoline, aussi blanche que le Chantilly est noir, aussi ample et mystérieux qu’il est complaisant et ajusté, sa réserve met en valeur le dédaigneux triomphe d’une poitrine, sur quoi l’empereur lui-même, en dépit du caractère hiératique de la danse, n’a pu s’empêcher de loucher. Mais, en toute justice, il faut dire que s’il a laissé s’accrocher son regard aux merveilles qui effleurent son uniforme, pas une seconde, il n’a songé à profiter de l’excuse du rythme, pour les serrer de plus près. Au reste, des Majestés qui ouvrent un bal devraient se couper le poignet, les lèvres, plutôt que de céder à une de ces tentations, si naturelles chez ceux du vulgaire que la petite fille n’a pas été, le moins du monde, étonnée, la première fois qu’elle a vu le jardinier mordre à pleines mâchoires le cou de la femme de chambre. Mais à supposer que les dents de l’empereur aient osé pareille audace, à même la gorge ou la nuque de l’impératrice, cette dernière ne serait point femme à glousser d’aise,