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des cimetières se couronnent de petites flammes, feux follets, disent les bonnes qui ont peur, lorsqu’elles passent devant le dortoir des morts, phosphore, explique un grand-père positiviste à sa petite-fille qui décide :

— Du phosphore, mais pourquoi pas ? Phosphore, c’est encore plus joli que Jérôme qui déjà pourrait bien être un nom de fleur. Papa et Cynthia ne sont plus monsieur Couteau et mademoiselle Fourchette. Ils s’appellent monsieur et madame Phosphore, puisque maintenant les voilà mari et femme, monsieur et madame Phosphore… Phosphore… Mon phosphore…

Son phosphore, il danse à la crête de ses rêves. Il va, couple à jamais uni par le miracle du feu. Doux nageurs de mémoire, voguez horizontaux, et que rien de l’humaine inquiétude ne vous marque. Fleurs lourdes à la tige d’un cou fatigué du poids de ses perles et d’un autre que sa prison immaculée de linge n’a point privé de sa grâce flexible, vos visages, que ne creuse la peur, ne maquille aucune fausse joie, ni ne torture la haine, vos visages, aussi parfaits qu’œufs d’ivoire, les couronne un cortège de flamboyants poissons. Incendie d’écaille à même la mer, aurore boréale, des nacres, jusqu’au pôle inviolé, remontent les deux amants. Un