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une eau qui coule insouciante parmi les prés où, paisibles, paissent les bœufs. Mais, tous les seigneurs de ces parterres cocasses n’ont jamais su que les fruits pendent innocents aux arbres, avant de se compromettre avec la crème, dans le secret douteux des tranches napolitaines.

Aux allées contournées, aux pelouses savantes, l’enfant préfère le salon figé en plein contentement de soi, louis-philippard. Là, au moins, elle trouve l’asile d’ombre, le cube de fraîcheur où elle peut oublier l’insulte flamboyante du jour. Meubles aux housses juponnées, placards secrets, canapés interminablement las, résignés à une vieillesse sans gloire, votre douceur un peu moisie donne confiance. Alors à quoi bon sortir, puisque, dès le perron, c’est une odeur lourde de travail et de servitude, sous la toile chaude d’un store, où le maladroit acrobate de feu s’est laissé choir, comme au cirque celui en maillot rose dans le filet.

Esclavage de la terre et des plantes. Un jardinier, aux manches retroussées, une vielle dame à mitaines, seringue d’une main, sécateur de l’autre, persécutent, l’un brutalement, l’autre avec des petites méchancetés de garde-malade hypocrite, cette terre, ces plantes. Seuls, quelques arbres ont