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relle entre deux giboulées. Mais, après le flamboiement, à même l’azur, de la jeune femme au casque de feu, une petite fille, les yeux encore éblouis du miracle, ne peut renier sa belle comète. Alors, l’écœurent les piètres anecdotes, dont se rassasie la haine familiale. Cynthia, déesse rousse, de vos doigts partent des faisceaux de lumière, mais à leur éclat, s’exagère la tristesse des jours, tous pareils. Ennui, beau fils d’orgueil, une enfance déjà se jure de ne jamais accepter, pour elle-même, la répétition des faits et gestes, le ramassis d’histoires dont vivent ceux qu’on appelle les « grandes personnes ». Elle imagine des matins sans mensonge, des après-midi nues, des semaines que n’emplira nulle sottise. Qui donc oserait, en échange, lui refuser le droit sévère de juger une femme maladroite à vivre et qui ne cesse de se plaindre d’un homme qu’elle ne voit plus jamais ? Et le savant tous poils et lorgnons, qui répète, tant qu’il peut, que le salut est dans le travail, comme s’il avait besoin de l’affirmer à chaque instant, pour ne point cesser d’en être sûr, et cette vieille femme qui rage de savoir qu’une autre a été préférée à sa fille. L’enfant ne peut croire que des individus qui ont le droit de se promener dans la rue à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, ne s’intéressent