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droit à l’office, mais non demander ses tartines. Elle prend un couteau, une fourchette, court se cacher dans un coin de sa chambre, et, tout bas, rien que pour elle, déjà commence :

— Le couteau c’est papa. Le blanc qui sert à couper, sa chemise ; le noir, qu’on tient dans la main, son pantalon. Si le blanc qui sert à couper était pareil au noir, on pourrait dire qu’il est en pyjama, mais malheureusement il n’y a pas moyen.

La fourchette c’est Cynthia. La belle Cynthia, l’Anglaise. Ce qui sert à piquer les choses qu’on veut prendre dans l’assiette, c’est les cheveux de Cynthia. Elle a une jolie poitrine, qui saute, car elle est essoufflée. Papa est bien content. Il caresse Cynthia et il rit parce qu’il croit qu’elle a enfermé deux petits oiseaux dans son corsage. Alors il lui fait une déclaration :

— Tu sais, Cynthia, je t’aime. Je suis ton amoureux. Quand on passe dans les couloirs, j’ai toujours une envie folle de t’embrasser. Tu es si belle avec tes cheveux rouges et ta robe verte. Je voudrais que ma petite fille, plus tard, te ressemble. De beaux jeunes gens lui feraient la cour et on la marierait avec celui qui jouerait le mieux au tennis. Ma femme, elle, connaissait un tas de choses. Bien