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Au milieu du jour, dans la plus grande capitale d’Europe, tu sens croître ta force. L’herbe est verte, le soleil rond, et plus simples que les chemins des champs les routes qui traversent le parc aux plantes, aux animaux. Tu vas honteuse d’une partie du monde qui doit aux autres demander ses fauves et dont nul de ceux-là ne saurait encore pousser les grands cris déchireurs de forêt. Une jungle de fer peinturlurée, à chauffage central, a beau essayer des imitations d’Afrique, c’est un grondement sournois d’exilés, au lieu de la rauque et libre chanson. Encens fétide des tortues géantes, ridicule colère des lions, injure des tigres, mépris des panthères, coquetterie de cobras trop lisses pour être honnêtes, sommeil menteur des crocodiles, Cynthia, jamais tu n’oublieras les cages et l’aquarium au milieu des pelouses, mais parce que ne doivent fixer ton destin ni ce poisson exceptionnellement plat, ni cette pieuvre, ni ce guépard, tu abandonnes sans te retourner, ce Zoo.

Le même soir à sept heures, tu seras dans une capitale de l’autre côté de la Manche, et tu accepteras toute une famille à cause d’un gendre trop beau, et dont les yeux te semblent de la couleur même du ciel, d’un ciel de Havane qui ne serait point bleu, mais tabac. Grâce au cadeau de l’homme