végétale. À Paris une seule rue souffre que les pissenlits croissent entre ses pavés. Elle n’est pas moins perdue dans ce siècle, ni étrangère à ses mœurs, ni prête à s’en indigner que ne le fut de son temps l’homme qui lui a donné son nom. Elle s’appelle Agrippa d’Aubigné. Or, en 1927, rue Agrippa-d’Aubigné, il est facile d’oublier l’ennui du positivisme, la félonie barbue des magistrats et la laideur des missionnaires. Voilà bien de quoi décider à la choisir pour leur halte, l’enfant qui devient femme et la négrillonne, un après-midi que s’est obstiné à les suivre certain jeune ouvrier siffleur. Le bel insolent est de taille à support er l’insistance de deux fois deux yeux. Une casquette se soulève, une mèche glisse. Un apprenti des faubourgs met un sourire sur ses lèvres, comme les jeunes Arabes une fleur au coin de leurs bouches. Deux cœurs trouvent trop étroites leurs poitrines. Les jeunes filles tremblent. Ce n’est point de peur. Le soleil retrouvé, de sa confiance, illumine l’infinie promesse bleue là-haut, tout là-haut, et, en dépit du grès écraseur de sol, une corolle jaune rappelle la vraie terre douce à fouler. L’enfant qui devient femme rougit, car elle pense que, sous une veste de toile qui ne permet pas de voir un pouce de linge, celui qui ose la regarder en face, peut-être
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