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DISCOURS
AUX OUVRIERS DE BOULOGNE[1]


Camarades,

Au nom de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires, ce n’est pas seulement le salut des travailleurs intellectuels que je viens apporter aux travailleurs manuels. L’heure est trop grave pour que nous nous contentions d’échanger des petits sourires ou des grandes politesses. Le Premier Mai, journée prolétarienne, est le jour des plus belles promesses, pour nous dont le travail consiste à donner une expression de l’homme contemporain et à chercher, pour l’homme futur, de meilleures chances.

Or, nous savons par expérience, camarades ouvriers, que, de vos luttes, des batailles que vous livrerez, des batailles que vous gagnerez, dépend l’avenir de la pensée, l’avenir de la science, de la littérature, de l’art.

Aussi, estimons-nous qu’il n’est point pour nous de plus pressant devoir, de meilleure justification, de plus grand honneur que de venir nous ranger parmi vous, nous fondre dans vos masses, pour ces luttes et ces batailles.

  1. Ce discours, prononcé le 1er  mai 1935 par notre camarade Crevel, a été lu au Congrès International des Écrivains pour la Défense de la Culture, le samedi 22 juin, par Aragon, au moment où, dans le débat sur le « Rôle de l’Écrivain dans la Société », René Crevel aurait dû prendre la parole. Le Congrès en se levant tout entier à la fin de cette lecture, rendit hommage à la position prise par Crevel, que définit par ailleurs le discours retrouvé écrit pour le Congrès, que nous avons publié dans notre précédent numéro.