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DARWIN

GRANDEUR DU DARWINISME


Lorsque les opinions que j’ai exposées dans cet ouvrage, opinions que M. Wallace a aussi soutenues dans le journal de la Société Linnéenne, seront généralement admises par les naturalistes, nous pouvons prévoir qu’il s’accomplira dans l’histoire naturelle une révolution importante… Nous serons obligés de reconnaître que la seule distinction à établir entre les espèces et les variétés bien tranchées consiste en ce que l’on sait ou que l’on suppose que ces dernières sont actuellement reliées les unes aux autres par des gradations intermédiaires, tandis que les espèces ont dû l’être autrefois. En conséquence sans négliger de prendre en considération l’existence présente de degrés intermédiaires entre deux formes quelconques, nous serons conduits à peser avec plus de soin l’étendue réelle des différences qui les séparent et à leur attribuer une plus grande valeur. Il est fort possible que des formes, aujourd’hui reconnues comme de simples variétés, soient plus tard jugées dignes d’un nom spécifique ; dans ce cas le langage scientifique et le langage ordinaire se trouveront d’accord. Bref nous aurons à traiter l’espèce de la même manière que les naturalistes traitent actuellement les genres, c’est-à-dire comme de simples combinaisons artificielles inventées pour une plus grande commodité. Cette perspective n’est peut-être pas consolante, mais nous serons au moins débarrassés des vaines recherches auxquelles donne lieu l’explication absolue, encore non trouvée et introuvable, du terme espèce.

Les autres branches plus générales de l’histoire