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DARWIN

l’Afrique méridionale appareillent leurs attelages de bétail d’après la couleur ; les Esquimaux en agissent de même pour leurs attelages de chiens. Livingstone constate que les nègres de l’intérieur de l’Afrique, qui n’ont eu aucun rapport avec les Européens, évaluent à un haut prix les bonnes races domestiques. Sans doute, quelques-uns de ces faits ne témoignent pas d’une sélection directe ; mais ils prouvent que, dès l’antiquité, l’élevage des animaux domestiques était l’objet de soins tout particuliers, et que les sauvages en font autant aujourd’hui. Il serait étrange, d’ailleurs, que, l’hérédité des bonnes qualités et des défauts étant si évidente, l’élevage n’eût pas de bonne heure attiré l’attention de l’homme.

(L’Origine des espèces.)


LA LUTTE POUR L’EXISTENCE


On peut encore se demander comment il se fait que les variétés que j’ai appelées espèces naissantes ont fini par se convertir en espèces vraies et distinctes, lesquelles, dans la plupart des cas, diffèrent évidemment beaucoup plus les unes des autres que les variétés d’une même espèce ; comment se forment ces groupes d’espèces, qui constituent ce qu’on appelle des genres distincts, et qui diffèrent plus les uns des autres que les espèces du même genre ? Tous ces effets, comme nous l’expliquerons de façon plus détaillée dans le chapitre suivant, découlent d’une même cause : la lutte pour l’existence. Grâce à cette lutte, les variations, quelque faibles qu’elles soient et de quelque cause qu’elles proviennent, tendent à préserver les individus d’une espèce et se trans-