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Pour être bon observateur, disait Darwin, il faut être bon théoricien : si la matière et l’exercice de l’observation avait manqué au grand-père, manquait au père la condition théorique. Mais aussi, dans le cas des naturalistes, on remarquera la distribution de deux autres qualités : il y a de l’ange et du diable chez eux, une certaine naïveté qui les entraîne à admirer les choses de la nature comme à faire des collections, un certain diabolisme qui les entraîne à tourmenter l’animal, à troubler ses démarches, à lui faire des farces et des pièges, à le brûler et le découper. Enfant, Darwin montrait deux traits de caractère dominants : une très vive naïveté, mais aussi un goût très vif pour le mensonge. À la fois il mentait beaucoup et croyait tout. Il mentait aux autres délibérément, et croyait les autres avec confiance. Mais peut-être n’est-ce pas le plus frappant dans son enfance et sa jeunesse. On est frappé par la médiocrité de ses études. Les cours l’ennuient, notamment l’anatomie : à Édimbourg (1825-1828) et à Cambridge (1828-1831) il ne travaille guère. Il aime la classe et rêve de voyages. Ce qu’il apprend, il l’apprend surtout par la lecture, la conversation et les promenades. Il collectionne les insectes avec passion, mais il s’agit d’une