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LA PHILOSOPHIE

la persistance des plus aptes que celle-ci assure. C’est l’élimination de ce qui est au-dessous d’un certain degré d’aptitude. Naturellement, ce n’est pas du tout la même chose et l’on n’en peut pas tirer les conséquences que trop de disciples de Darwin ont cru pouvoir en extraire.

Aussi bien, comme E. Rabaud s’est fait un jeu de le montrer, trop de Darwiniens ont-ils gravement compromis leur thèse en attribuant à certains organes une utilité, pour l’individu ou pour l’espèce, qui n’existait décidément que dans leur imagination.

En dernière analyse, on a pour le moins exagéré le rôle de la sélection naturelle dans l’évolution de la Vie.

Ajoutons-le : certains des disciples de Darwin ont tiré de ses principes des conséquences qu’ils ne comportaient décidément pas. Combien se sont figurés, en effet, que la sélection naturelle était un agent inévitable de progrès ? Combien ont été, en se guidant sur cette idée, jusqu’à faire l’apologie, non seulement de la lutte pour la vie entre les individus, mais encore de la concurrence et de la guerre entre les peuples. C’est là commettre un contre-sens douloureux. Il tient à la confusion qu’on établit entre deux notions pourtant bien distinctes, celle du progrès, au sens