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DARWIN

finalement que cette variation a assurément une cause, mais que nous en ignorons pour l’instant la nature, ce qui nous laisse dans le doute et l’obscurité.

Et voici que, sous la conduite d’E. Rabaud, des naturalistes en viennent, sinon à retirer toute importance à la sélection naturelle, du moins à en réduire singulièrement le rôle.

À vrai dire, on ne nie pas ce qui décidément ne peut pas être nié. La sélection naturelle élimine fatalement d’un milieu donné ce qui y est mal adapté. Et en effet, ceux qui ne peuvent pas vivre dans un milieu défini meurent inévitablement ; ceux qui ne peuvent pas faire souche dans un milieu donné n’y ont pas de descendants. Ce sont des vérités de La Palisse qu’on est bien forcé de reconnaître. La sélection tue donc ce qui n’est pas suffisamment apte. Fatalement donc, les êtres qui vivent et se reproduisent dans un milieu ont des organes et des instincts qui permettent de le faire : ils doivent donc présenter une certaine apparence de finalité par rapport à ce milieu même et à ce qu’ils y font.

Mais, du moment que des êtres vivants sont assez aptes pour vivre et se reproduire dans un milieu donné, cela suffit pour qu’ils ne soient pas éliminés par la sélection. Ce n’est donc pas