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DARWIN

On le voit très bien d’autre part : il y a certains problèmes devant lesquels les doctrines darwiniennes demeurent impuissantes. C’est ce qu’a montré en particulier J.-H. Fabre à propos de certains des instincts répandus chez les Insectes. Voici par exemple le cas de cette Eumène pomiforme dont Fabre a étudié particulièrement les mœurs. Cet insecte fabrique avec de la poussière malaxée en mortier un nid en forme de pomme. Il apporte dans ce nid pour sa larve des chenilles vivantes. Puis il pond. Mais comme les chenilles sont grosses par rapport à la larve qui va sortir de l’œuf et comme elles se débarrasseraient aisément de celle-ci sans certaines précautions, il suspend au plafond de la logette qu’il a fabriquée une sorte de gaine de soie et c’est au bout de cette gaine qu’il installe son œuf. La larve éclot, attaque les chenilles de haut, se retire dans la gaine si elles résistent et ne se laisse tomber sur ses victimes que lorsqu’elle est assez forte et elles assez affaiblies pour pouvoir les consommer sans résistance. Comment donc expliquer dans la théorie darwinienne la formation d’un instinct comme celui qui dicte sa conduite à l’Eumène adulte ? Cet instinct est inné. Car les Eumènes adultes meurent avant l’hiver. Les jeunes n’éclosent qu’au printemps.