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DARWIN

on se demande aujourd’hui si la Vie tout entière peut être figurée par un arbre généalogique unique. Est-ce que les groupes d’espèces distincts ne s’expliquent pas par des différences originelles entre les compositions chimiques des éléments premiers dont ils sont sortis ? Est-ce que la véritable image qui symbolise l’évolution de la Vie ne doit pas être cherchée dans la structure d’un buisson plus que dans celle d’un arbre de haute futaie ? Les différences qui séparent les formes végétales et les formes animales d’une part, les groupes de vertébrés et les groupes d’invertébrés de l’autre, invitent sur ce point les esprits à la méditation et à la prudence. Darwin en avait peut-être trop. Combien de ses disciples en ont gravement manqué !

La thèse évolutionniste a donc l’air d’avoir cause gagnée, à la condition qu’on n’en exagère pas les conclusions. Depuis Darwin, non seulement elle n’a pas été contredite, mais encore elle a été confirmée.

Seulement c’est bien autre chose d’avoir constaté l’évolution des espèces et d’en avoir expliqué le mécanisme. C’est sur ce point que la critique des idées de Darwin s’est montrée parfois avisée et très souvent exagérément sévère.

En premier lieu, un très grand nombre de