Page:Cresson - Darwin - sa vie, son œuvre, sa philosophie, 1956.pdf/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Supposons un éleveur qui ne possède dans ses volières que des pigeons à bec droit. Il désire pour une raison ou pour une autre obtenir des pigeons à bec recourbé. Que va-t-il faire ?

Il va, répond Darwin, chercher dans les couvées qu’il recueille les jeunes qui présentent le bec le plus recourbé. S’il en trouve de mâles et de femelles, il les met à part systématiquement et les fait croiser ensemble. Après quoi, dans les nouvelles couvées obtenues grâce à cette « sélection artificielle », il cherche à nouveau les petits qui présentent au plus haut degré la particularité voulue. Il recommence à les isoler, à les faire croiser, à choisir dans les nouvelles couvées les jeunes au bec le plus courbe. Et ainsi de suite. En fait, dit Darwin, un éleveur habile fait apparaître en trois ans le plumage qu’il désire, en six ou sept ans, la forme de pattes ou de bec qu’il souhaite, le tout accompagné de modifications secondaires en rapport direct avec la première, par exemple la déformation de certains os du crâne, le développement ou l’atrophie de certains muscles.

L’élevage réussit donc par la sélection artificielle. Mais alors d’où vient son admirable réussite ?

L’analyse met ici en évidence diverses vérités