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IV

À trente-huit ans, toujours très séduisante avec sa taille élancée, ses beaux cheveux de blonde du Nord, Anne-Charlotte semblait à jamais fixée dans cette ville de Stockholm, où son salon était fort recherché. Elle recevait très simplement, avec grâce, des gens de tous les partis. « Sa maison, dit Ellen Kev, donnait une impression de solidité bourgeoise, avec le charme du laisser-aller artistique. » Ses œuvres, qui avaient vaincu les premières résistances, étaient très appréciées non seulement en Suède, mais en Norvège et en Danemark, traduites en allemand, en hollandais, en russe. Anne-Charlotte était soigneuse de sa notoriété et savait habilement se concilier d’utiles appuis[1]. Il semblait que sa vie, toute remplie d’occupations intellectuelles, dût entrer paisiblement dans son automne sous le ciel froid de son pays natal. Et voilà tout à coup qu’un orage de passion vient bouleverser cette existence, l’emporter et la transplanter en une contrée aussi éloignée que possible de la race, du climat et des traditions Scandinaves !

Il faut se souvenir ici qu’Anne-Charlotte n’avait

  1. Georges Brandes.