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Le baron de Duhring a séduit une pauvre ouvrière et a eu d’elle deux filles. Abandonnée, cette femme a épousé un ouvrier ivrogne, dont elle a plusieurs enfants, et qui la bat. Marié, et menant une vie fastueuse, le baron a perdu son unique enfant légitime. Il songe alors à ses filles naturelles et adopte l’une d’elles, la plus jolie des deux : Bianca. Entrée à douze ans dans la riche maison de son père, celle-ci a bientôt oublié sa triste enfance. Elle aime sa mère adoptive, qui la comble de gâteries ; elle devient orgueilleuse, frivole ; elle est fiancée à un jeune ingénieur qui l’entoure de luxe et de flatteries. Mais un jour, dans une vente de charité où, sous couleur de recueillir de l’argent pour les pauvres, elle flirte, se montre excentrique et coquette, sa sœur Svéa, avec l’ouvrier Frithiof qui est son fiancé, parviennent jusqu’à elle et lui demandent secours.

L’acte suivant, dans la pauvre mansarde où la jeune fille est accourue sans quitter sa toilette de bal. est poignant dans la dureté de son réalisme. La mère, lasse et abrutie de souffrance, les nombreux enfants dont deux sont infirmes, toute la triste maisonnée tremblant de peur de voir rentrer l’alcoolique… et, misère suprême ! la propre sœur de Bianca, Svéa, d’un an plus âgée, devenue une prostituée et le disant sans pudeur et sans honte !… Tout cela éveille Bianca durement de son beau rêve. Le brave ouvrier Frithiof