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comme elle lavait pensé, que Dieu doit avoir pitié de leur misère et doit les exaucer. Et toutes celles-là sont des ennemies, ne pensent pas qu’elle sera misérable si leurs vœux sont accueillis ! Et elle-même, avait-elle le droit de demander un avantage qui ne peut s’obtenir que par la douleur des autres ?… »

Et le caractère de cette fillette de quinze ans est tout à fait « jeune Suède ».

La mère misérable, usée par huit maternités, écrasée par un labeur de bête de somme, veut associer sa fille à sa lamentable vie. Mais l’enfant est intelligente, énergique, elle ne songe qu’à travailler tout le jour dans des livres, comme le font ses frères moins bien doués qu’elle. Elle oppose une vive résistance.

— Tu as tort de ne pas l’élever à souffrir, disent à la mère les voisines. C’est une femme ! Il faut qu’elle ne vive que pour les autres !

Pourquoi cela ? Elle veut développer son esprit et sa force, vivre aussi pour elle-même ! Elle est bonne pourtant, honnête et même tendre, mais son être vigoureux et sain se refuse à l’immolation. Ses frères peuvent bien prendre leur part des soins matériels de la vie ; pourquoi retomberaient-ils entièrement sur la femme, qui peut, comme l’homme, être mieux douée pour tout autre chose ?

Que chacun, sans distinction de sexe, adopte le