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— Lisez, alors. »

Le jeune homme fut pris en ce moment d’un accès de timidité qu’il ne pouvait s’expliquer, ayant souvent lu à Constance ses petits articles. Il laissa les feuillets pliés sur ses genoux et regarda au loin sans rien voir, souhaitant d’être à cent pieds sous terre. L’émotion le tenait à la gorge, le rendant incapable de lire. Puis tout à coup il se sentit glacé.

« J’attends, » dit-elle avec un doux sourire.

George se mit à rire.

« Je n’ai jamais eu si peur de ma vie, dit-il. Je comprends maintenant ce que c’est que le trac au théâtre. »

Constance le regarda et cette timidité lui plut davantage que la hardiesse qu’elle avait souvent admirée en lui. Elle sentit qu'elle l’aimait un peu plus et sa voix se fit très douce.

« Avez-vous peur de moi, mon ami ? » demanda-t-elle.

Le sang monta au visage de George. C’était la première fois qu’elle se servait d’une expression tendre en lui parlant.

« Non, plus maintenant, depuis que vous me l’avez demandé, » répondit-il en ouvrant les feuillets.

Et il se mit à lire les trois premiers chapitres sans qu’elle l’interrompît. De temps en temps il jetait un coup d’œil sur le visage de Constance.

Il était très sérieux et pensif et il eût été impossible de deviner ce qui se passait dans son esprit.

Lorsque George eut achevé, il replia vivement les feuillets et les remit dans sa poche sans regarder sa compagne. Il n’osait pas lui demander son opinion et il attendit qu’elle parlât. Mais elle ne dit rien et se renversa sur son siège, en ayant l’air de contempler les arbres.