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— C’est très doux à entendre, dit Constance à demi-voix.

— Et bien doux aussi à dire. Ah ! Constance, dites-le une fois… dites que c’est plus que de l’amitié, plus que de la sympathie, plus que de l’affection que vous éprouvez. Que peut-il vous coûter de le dire ?

— Cela vous rendrait-il très heureux ?

— Ce monde deviendrait le ciel pour moi. »

Constance s’éloigna un peu de lui et le regarda.

« Je vais le dire, dit-elle tranquillement. Je vous aime, oui, je vous aime. Non… ne tressaillez pas… entendons-nous bien, il ne faut pas avoir trop d’espoir. Je vais vous dire la vérité… comme nous sommes là… pas plus près. Ce n’est ni de l’amitié, ni de l’affection, ni simplement de la sympathie. C’est de l’amour, mais il n’est pas ce qu’il devrait être. Et si je vous parle avec cette franchise, c’est que je tiens trop à votre estime pour vous laisser croire que je suis une misérable coquette, pour vous laisser penser que je vous encourage et que je vous attire, sans que le cœur y soit pour rien. Je vous ai encouragé, je vous ai attiré, parce qu’il m’est doux de vous entendre dire ce que vous m’avez si souvent répété depuis peu, que vous m’aimiez. Et, savez-vous ? Je voudrais pouvoir vous dire les mêmes choses et les sentir. Mais je ne vous aime pas assez, je ne suis pas sûre de mon amour, il est plus grand un jour, moindre le lendemain, et je ne veux pas vous donner peu quand vous me donnez tout. Vous connaissez mon secret à présent. Vous pouvez espérer, si vous voulez. Je ne vous trompe pas. Je puis vous aimer de plus en plus, et le jour où je sentirai que mon amour est réel, complet, durable, invariable, je vous épouserai. Mais