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de George. Totty ne parlait pas d’autre chose quand elle venait à Washington Square, et son mari lisait tout ce qu’écrivait George et le félicitait après chaque nouvel effort. Le père de George lui-même, auquel plusieurs anciennes connaissances avaient fait des compliments sur son fils qui « allait si bien, » commençait à fléchir et à revenir de ses préventions contre la littérature. L’air morne disparaissait peu à peu de son visage, faisant place à quelque chose qui ressemblait à du bonheur.

C’était George qui appréciait le moins son propre succès. Johnson même, qui pourtant était en général sobre d’éloges, écrivait dans son journal, sur l’œuvre de son ami, de fréquents entrefilets flatteurs contenant souvent quelques critiques délicates ou des remarques érudites, qui leur donnaient du poids et les faisaient reproduire dans d’autres journaux.

Le mois de mai était revenu. George avait trouvé Constance seule chez elle un après-midi, presque un an après lui avoir pour la première fois avoué son amour. Leurs relations depuis avaient continué d’être fort agréables, quoique George ne fût pas aussi souvent en tête-à-tête avec elle que dans les premiers temps. Le deuil de leur mère était fini pour les jeunes filles et il menait beaucoup de monde chez elles. George lui-même avait peu à peu fait des nombreuses connaissances et menait une vie plus mondaine que jadis, trouvant de l’intérêt, ainsi que Johnson le lui avait prédit, à observer les autres au lieu de se fatiguer les yeux à parcourir les livres.

« Voulez-vous sortir un peu ? » demanda le jeune homme à Constance.

Celle-ci leva les yeux et sourit comme si elle com-