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VIII


L’été s’écoula rapidement sans apporter un changement bien appréciable dans la vie de George. Cependant, en suivant une partie des conseils de Johnson il trouvait à présent du travail et sa position s’était améliorée, bien que ses écrits n’eussent pas encore réussi à attirer la moindre attention. Il s’était figuré qu’il n’y avait qu’un pas de la rédaction d’articles à l’élaboration d’un roman, mais il s’aperçut bientôt de son erreur.

En attendant, ses pensées s’arrêtaient longuement sur Constance, et, chose étrange, l’absence de la jeune fille fut un soulagement pour lui. Elle rendait la futilité de ses espérances moins apparente et elle lui donnait du temps pour faire au moins un pas dans la voie du succès. Il lui écrivait aussi souvent qu’il l’osait, et deux fois, dans le courant de l’été, elle lui répondit de courtes lettres dans lesquelles il crut s’apercevoir d’une certaine bienveillance à son égard plutôt que de tout autre sentiment affectueux. Néanmoins ce furent de grands jours dans son calendrier que ceux où arrivèrent ces billets qui furent lus, relus, et placés en lieu sûr.

Depuis peu, cependant, George attendait le retour de Mlle  Fearing avec la plus grande anxiété. L’hostilité de sa sœur était un des nombreux et en apparence un des insurmontables obstacles qui lui barraient la route et il redoutait que l’influence de Grâce, agissant sur l’esprit de Constance, pendant ce long été, ne fît rompre le mince fil qui l’unissait à lui. Il ne se trompait pas sur les intentions de Grâce. Elle n’avait perdu effectivement aucune occasion de desservir le jeune homme