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aride dans le bagne littéraire, oubliant que tout ce qu’il écrivait paraissait sous le couvert de l’anonyme et qu’il s’abritait lui-même sous l’égide d’un journal très répandu. Il ignorait qu’un débutant est généralement déçu, pour me servir d’une expression vulgaire, comme un chien dans un jeu de quilles, à moins qu’il ne soit traité avec cette froide indifférence plus difficile à supporter que toute autre attaque.

Sans se laisser abattre, George supposa qu’il lui serait désormais plus facile d’obtenir de faire imprimer quelques-uns de ses anciens travaux. Il avait dans un tiroir quatre ou cinq choses, en assez bon état, qui avaient été refusées. Il les en tira et les envoya de nouveau aux revues, sans consulter son ami Johnson. Elles lui furent toutes retournées sans commentaires.

« Allez demander quelque chose à faire, dit l’omniscient Johnson quand il apprit cet échec. On ne prend généralement pas d’articles sur des sujets généraux à moins qu’ils n’aient beaucoup d’intérêt ou ne soient d’actualité. C’est aux directeurs qu’il faut s’adresser. Je vous présenterai à la plupart d’entre eux. Allez les trouver et dites-leur

: « Je suis un jeune homme remarquable,

quoique vous sembliez ne pas le savoir. J’écrirai tout ce qu’on voudra sur n’importe quel sujet ; le sanscrit, la botanique et le calcul différentiel sont mes points forts, mais le Pôle Nord a de grands attraits pour moi ; je suis fort en théologie et en économie politique, et, au besoin, je ferai une description des îles Fidji plutôt que de ne pas écrire. Si pour le moment vous n’avez rien de ce genre à me donner à faire, il y a la musique et le grand art, sur lesquels je suis ferré. J’ai du goût pour l’architecture et je comprends très bien la pratique