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mais voulu dire cela… je ne l'ai jamais dit… je n’aurais pas même voulu le penser. »

Il y avait un peu d’exagération dans ces derniers mots. Elle l’avait pensé, et cela récemment, bien que ce ne fut, pas quand elle l’avait dit. Cela suffit cependant. George la croyait et le nuage disparut de son visage. Ce fut elle qui lui prit la main la première, et la chaleur de son étreinte fut presque affectueuse.

« Vous ne penserez jamais cela de moi ? demanda-t-il très sérieusement.

— Jamais ! Pardonnez-moi si une seule de mes paroles a pu sembler avoir une intention que je n’avais pas.

— Merci, répondit-il. Cela vient de ma sotte susceptibilité et c’est à moi qu’il faut pardonner. Les choses peuvent changer un jour.

— Oui, répondit Constance avec un peu d’hésitation,… un jour. »

Un instant après, George quittait la maison, avec la sensation d’un soldat qui est allé au feu pour la première fois.


VII


Peu de temps après ces événements les Fearing quittèrent New-York pour tout l’été et George fut laissé à ses méditations, à la société de son père, et à l’étouffante chaleur de la grande cité. Il avait revu Constance plusieurs fois avant son départ et s’était séparé d’elle dans les meilleurs temps. Du reste, depuis la subite révélation de la violence de son caractère il avait pin davantage à la jeune fille. Sa colère très vraie avait jusqu’à un certain point dissipé le nuage de doute qui lui sem-