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— Vous ne me l’avez jamais dit. Du reste, cela ne me regardait pas.

— Je voudrais bien avoir suivi votre conseil. Le vieillard s’est rétabli, et tout à l’heure, en venant ici, je me suis heurté contre lui dans la rue. Le croiriez-vous ! il a pris mes visites au sérieux,… il s’est imaginé qu’elles étaient dues à une pure bonté d’âme,… il m’a remercié très aimablement et m’a engagé à aller le voir ! Je suis resté tout sot. »

Constance se mit à rire, et, pour une raison ou pour une autre, le timbre vibrant et musical de son rire ne causa pas à George autant de satisfaction qu’à l’ordinaire.

« Qu’avez-vous fait ? demanda-t-elle un instant après.

— Je ne sais trop. Je ne pouvais vraiment pas lui dire en face qu’il n’avait pas su apprécier mon genre de plaisanterie. Je crois que j’ai dit quelque chose de poli,… de honteusement poli, même. Ah ! vous m’avez mis là dans une jolie impasse !

— Je vous ai mis dans une impasse ?

— Certainement ! Je ne suis allé sonner à la porte de Tom Craik que par esprit de contradiction, parce que vous m’aviez conseillé de ne pas le faire,… voilà tout. Je ne vous connaissais que depuis très peu de temps, alors… et… »

Il s’arrêta et regarda fixement la jeune fille.

« Je savais très bien que j’avais tort de vous donner un conseil à cette époque, répondit Constance en rougissant légèrement au souvenir de sa conduite lors de ce mémorable après midi.

— Non. Vous aviez raison et j’aurais dû le comprendre. Si vous me donniez un conseil à présent…

— J’aime mieux ne pas vous en donner, interrompit la jeune fille.